L’ouverture des canaux de Suez et de Panama, respectivement en 1869 et 19201, a profondément bouleversé le commerce mondial. Certaines routes commerciales s’en sont trouvées considérablement raccourcies, entre l’Europe et l’Asie pour le canal de Suez et entre la côte ouest de l’Amérique du Sud et l’Europe pour le canal de Panama. Ces événements sont des cas d’études qui permettent d’évaluer si une réduction de la distance entre deux pays augmente le commerce entre eux, et de quantifier cet effet. Nous montrons dans cette Lettre que les mesures généralement retenues dans les études empiriques pour étudier l’effet de la distance sur le commerce le surestiment beaucoup – de près de 7 fois, selon nos estimations – car elles prennent en compte des facteurs liés à la distance autres que les seuls coûts de commerce : la proximité linguistique ou culturelle, la politique commerciale, etc. Cela invite à rester prudent dans l’évaluation des enjeux commerciaux liés à de nouveaux projets d’infrastructures ou encore à l’ouverture de nouvelles routes commerciales à travers l’Arctique à la suite de la fonte des glaces.