La Révolution verte a généré des gains substantiels de productivité agricole, en grande partie grâce à l’introduction des semences améliorées et des engrais. Cependant, de 1960 à 2000, l’Afrique subsaharienne a largement été exclue de ces gains de productivité. En 2009, l’utilisation des engrais dans cette région du monde atteignait en moyenne seulement 13 kg par hectare, contre 94 kg par hectare dans les autres pays en développement. Motivés par cette disparité, de nombreux pays d’Afrique subsaharienne ont entrepris ce qui est peut-être le développement le plus important dans la politique agricole au cours de la dernière décennie : des programmes de subvention d’intrants à grande échelle visant à accroître l’utilisation des engrais et autres intrants agricoles modernes. Dans les dix pays africains qui appliquent des programmes de subvention des intrants, les dépenses en 2011 se sont élevées à 1,05 milliards de dollars (824 millions d’euros), ou 28,6 % des dépenses publiques en agriculture (Jayne et Rashid, 2013). Quel est l’impact de ces subventions sur l’utilisation d’intrants, la production agricole et le bien-être des producteurs? Ces impacts perdurent-ils après une subvention provisoire? Pour répondre à ces questions, ce travail sur les résultats d’une expérimentation mise en place durant les cinq dernières années au Mozambique explore l’impact de court et moyen terme d’une subvention offerte pendant une saison, à un échantillon de 514 ménages. Alors que seulement 40 % de ceux qui ont reçu les coupons de subvention les ont utilisés, ces coupons ont des répercussions importantes sur l’utilisation d’engrais à la fois pendant et après la période de subvention. Les coupons ont également des effets importants et durables sur la production agricole, la consommation et d’autres mesures du bien-être économique des ménages.